L’apparition d’une espèce est un évènement rare survenant à la faveur d’une spécialisation écologique ou bien d’un isolement géographique. Sur l’île de Mayotte, où ces deux mécanismes semblent avoir agi de concert sur l’espèce de drosophile D. yakuba, une équipe internationale réunissant des chercheurs du laboratoire Evolution, Génomes, Comportement, Ecologie de Gif-sur-Yvette1, de l’Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité de Paris2 ainsi que deux post-doctorants français travaillant à l’Université de Madison (Wisconsin, Etats-Unis) vient de montrer, dans PNAS, que ces diptères constituent une population atypique. Celle-ci se nourrit en effet exclusivement du fruit d’un arbre tropical très toxique pour les populations de la même espèce vivant en Afrique continentale. En comparant les génomes de mouches provenant de Mayotte avec ceux de spécimens du continent, les scientifiques ont constaté que la population insulaire pouvait être considérée comme une première étape d’une spéciation en marche.
CNRS - Institut écologie et environnement - Actualités de l'institut, 26.07.2016
Référence
Recurrent Specialization on a Toxic Fruit in an Island Drosophila Population, Amir Yassin, Vincent Debat, Héloïse Bastide, Nelly Gidaszewski, Jean R. David et John E. Pool, publié dans PNAS le 4 avril 2016.
DOI: 10.1073/pnas.1522559113