Dans « Médias : influence, pouvoir et fiabilité », vous avez été amené à questionner les rapports que les usagers entretiennent avec médias. Quelles stratégies éducatives mettre en place...? | gpmt | Scoop.it

"Dans votre ouvrage « Médias : influence, pouvoir et fiabilité », vous avez été amené à questionner les rapports que les usagers entretiennent avec médias. Quelles stratégies éducatives mettre en place en regard de ceux-ci ?"

 

(Question préparée par Patrick Verniers dans le cadre de mon intervention au Salon de l'éducation, consistant à présenter les fiches réalisées par le Conseil supérieur de l'éducation aux médias (+ table ronde), le 16/10/2013 : http://www.educationauxmedias.eu/csem/rencontres/salon/2013/de_la_protection_leducation)

 

 

Pour faire bref...

 

La question de la fiabilité est intrinsèquement liée à celle de la confiance.

 

La relation de confiance ou de méfiance que les individus entretiennent avec les médias peut être influencée par différents paramètres, qui ne sont pas toujours de l'ordre du critère factuel ou spécifique, mais plutôt sur du socio-affectif, des croyances, des idéologies ou appartenances sociales (prenons l’exemple des œillères politiques).

 

Quelque part, c’est lié à la question de la foi et de la croyance en général.

 

Dans un jugement (ou une croyance), plutôt que de décortiquer uniquement ce qui est jugé, il me semble intéressant d’étudier aussi la position de celui qui juge et enfin le processus de jugement lui-même.

 

Pour moi, la critique des médias – entendue comme analyse et non comme méfiance systématique – (et donc a fortiori l’éducation à cette analyse) doit être réflexive, et donc s’analyser elle-même. L'étude des médias passe par l'étude de notre relation (individuelle et sociale) à ces médias.

 

Vulgairement : critiquer les médias, c’est aussi critiquer la critique des médias.

 

Au niveau des enjeux éducatifs que cela soulève :

 

- Côté apprenant, cela conforte l’importance de mettre à plat les représentations initiales, les croyances, les préjugés et de comprendre sur quoi ils sont basés => vers une nuance.

 

- Côté enseignant, cela implique d’être soi-même au clair avec ses propres représentations, ses propres valeurs.

 

Pour moi, on loupe évidemment le coche si l’EAM est un prétexte pour remplacer les idées reçues des apprenants par celles des enseignants (cf. "Les apprentis sorciers de l'EAM" : http://julien.lecomte.over-blog.com/tag/Les%20apprentis%20sorciers%20de%20l%27%C3%A9ducation%20aux%20m%C3%A9dias/ ).

 

Il y a en effet différentes sensibilités :

- personnes plus conservatrices, d’autres plus progressistes.

- certains adorent les nouvelles technologies et passeraient des heures sur le web, alors que d’autres ne lâcheraient leur craie et leur bon vieux tableau pour rien au monde.

- certains pensent qu’un cours d’EAM consiste à lyncher la DH, alors que pour d’autres, il n’y a pas de différence entre l’EAM et des cours de journalisme.

- ...

 

Pierre Lévy : paradigme pour évaluer la connaissance = « transparence » et « honnêteté » plutôt qu’« objectivité ».

 

Pas de pseudo « neutralité » entendue comme non-jugement : on attend des apprenants qu’ils jugent de manière autonome.

=> Pluralisme (varier ses méthodes)

=> Humilité

 

Varier les méthodes + être au clair avec ses propres tendances renvoient à des conseils didactiques de base… Des évidences pédagogiques ? Sur le terrain, cela ne semble pas toujours facile…