Nous ne voulons pas être de la chair à algorithmes ! | Libertés Numériques | Scoop.it

Les données, nous répète-t-on à l'envi, sont le pétrole du XXIe siècle. Mais alors, à qui appartient le pétrole ? Au producteur, autrement dit à vous et moi qui tous les jours mettons nos données en circulation ? Ou aux Gafa et autres plates-formes qui les commercialisent ? A cette question centrale, la loi pour une République numérique, tout juste votée à l'Assemblée, ne répond pas. L'article 16 consacre certes la « libre disposition des données à caractère personnel ». Mais libre disposition n'est pas propriété. La logique de la loi, comme celle des textes européens dont elle s'inspire, est de conférer des droits à l'individu sur ses données (droit à l'oubli, droit testamentaire, droit à la portabilité…) et des obligations aux plates-formes qui les utilisent (neutralité vis-à-vis des contenus, lisibilité des conditions d'utilisation…). Cette approche strictement juridique donnera du travail aux avocats, sans traiter les racines du problème : aujourd'hui, nos informations les plus intimes sont éparpillées sur le Net, cédées en échange de services dont la gratuité repose sur le traitement de nos données, en particulier via le reciblage publicitaire. Nous sommes devenus de la chair à algorithmes, victimes de la plus formidable extorsion de valeur des temps modernes.


Via Bernard BRUNET