Franck Buckley incarne on ne peut mieux l’Irlande d’aujourd’hui. Totalement fauché, il vit dans une maison construite avec des billets de banque – des euros usagés, retirés de la circulation et déchiquetés par la banque centrale d’Irlande. Des milliers de briques de débris de billets compactés forment l’édifice, bâti dans un appartement au rez-de-chaussée d’un immeuble rendu vacant par la crise économique.
Chaque brique contient environ 50 000 euros, soit au total environ 1,4 milliard d’euros, estime M. Buckley. “Tout est centré sur l’euro, mais les euros ne sont que des bouts de papier, dit-il, c’est ce que les gens font des euros, la valeur qu’ils leur attribuent, qui change la donne.” A l’entrée des lieux, une imposante pierre tombale annonce que la souveraineté irlandaise est morte en 2010, l’année où le gouvernement a accepté un plan de sauvetage assorti de conditions si dures que l’Irlande va mettre des années à payer. “Pour moi, on est dirigé par l’Allemagne”, commente M. Buckley...