Un jeu sur les camps de réfugiés ? Est-ce un gag ? Une provocation ? Une mauvaise farce ? Un appel au buzz ? Nous savions ce qui nous attendait en lançant ce projet. Las d’offrir en pâture le spectacle de la misère du monde, les journalistes éprouveraient maintenant le besoin de s’en amuser ? Comment oser jouer avec la détresse de ces millions d’exilés ? La réponse est simple et tient essentiellement en deux éléments. D’abord, le newsgame, comme l’appelle les Anglo-Saxons, est un genre journalistique déjà largement répandu. Il y décline des thématiques très variées et "sérieuses": conflits, catastrophes naturelles, tensions sociales, etc. Ensuite et surtout, ce reportage à jouer représente pour nous une mise en situation installant l’internaute dans le rôle d’un journaliste de notre rédaction. Comme toutes les professions, la nôtre possède, tel un jeu, ses règles, son cadre, ses contraintes, ses succès, ses échecs.
Notre volonté n’est autre que d’offrir, sur une réalité complexe, une nouvelle approche à l’image de l’ensemble du projet dans lequel elle s’inscrit. Au témoignage original des artistes (cinéastes, photographes, écrivains, dessinateurs), nous avons souhaité ajouter un exercice inédit avec l’ambition de rendre l’internaute plus acteur et moins spectateur. Car plus que de jouer, c’est avant tout d’apprendre dont il est question ici. Chaque séquence visionnée apporte son lot d’informations qu’il convient d’écarter ou de retenir pour le montage final. Chercher, trouver, écouter, voir, choisir et construire pour se souvenir, voilà le jeu.
Enfin ce reportage à jouer n’a évidemment pas valeur de test pour remplacer à terme la couverture classique de l’actualité. ARTE Reportage continuera obstinément à traiter de l’exil et de ses drames, partout dans le monde. Ce que nous proposons ici complète simplement l’offre sous une forme que nous souhaitons originale et pédagogique.
Via
HG Académie de Rennes